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Hommage à notre ami Jean-Pierre

Notre ami Jean-Pierre Vincent vient de nous quitter.

Tous les membres de la troupe des Sassafras tiennent à lui rendre un dernier et chaleureux hommage, car ils perdent un grand artisan de leur réussite. Il était bien plus qu’un membre de notre troupe des Sassafras. Jean Pierre était le cœur battant de notre équipe, un homme passionné et généreux qui s’est investi corps et âme dans cette aventure pendant plus de 25 ans.

C’était au siècle dernier, Alain Guyot nous avait réunis autour de son projet de théâtre, on ne se connaissait pas les uns les autres ou peu, on allait apprendre à découvrir nos limites et talents respectifs. Le tien Jean Pierre fût de ciseler ces écrins dans lesquels nous allions nous exprimer.

Des coulisses au fond de salle ou parfois même sous la scène, Jean-Pierre se tenait toujours présent, prêt à servir, prêt à peaufiner ce qu’il préférait réaliser : les décors. Il apportait sa touche unique à chaque projet, à chaque spectacle ; il a toujours été là, prêt à donner le meilleur de lui-même pour faire briller notre troupe. Son enthousiasme contagieux, son esprit d’équipe et sa capacité à relever les défis ont fait de lui un membre incontournable sur lequel nous avons toujours pu compter. Il insufflait à notre troupe cette énergie et cette passion qui ont fait de nous bien plus qu’un simple groupe de théâtre. Nous étions une vraie famille, il en était l’un des piliers et l’ami de tous.

Notre première pièce fût « Du vent dans les branches de sassafras » en 1999. Une cabane en bois de récupération, celui du quai éphémère de la gare, représentait l’habitation des Rockfeller. Jean-Pierre l’avait truffée de moteurs d’essuie-glaces qui coupaient des fils nylon qui décochaient des flèches qui faisaient tomber des assiettes. Dès la pièce choisie, il mettait tous ses talents au service des acteurs, du réalisateur et de la scénographie. Sa créativité, son sens de l’organisation et du recyclage des éléments de décors, couplés à une maîtrise des techniques et outils de bricolage ont permis à nombre de passionnés, acteurs ou bénévoles, de le suivre indéfectiblement dans ses projets.

Au début on tournait dans les villages alentours mais bien vite la démesure de tes créations nous obligea à rester chez nous à Gazeran ; sous ton impulsion on construisit une nouvelle scène, plus vaste, plus haute, des éclairages et une sono à demeure et ce fut le public qui vint vers nous. Bien sûr, il y avait ces magnifiques décors statiques, mais il y avait surtout toute cette dynamique avec laquelle nous jouions et dont Prévert ne renierait pas la liste : 3 plateaux tournants pour 10 scènes différents dans une même pièce, un kiosque sur pivot pour y loger un clarinettiste, un navire émergeant de la scène, un train filant vers l’ouest, une montgolfière véhiculant Jules Verne, un ascenseur, un avion qui s’envole, un château dont les toits s’ouvrent, une torpédo taillant la route, des bottes éjectables, un studio de cinéma avec projection en direct, un fakir en lévitation…

Du fond de la salle, de derrière tes manettes, tu étais toujours sur scène avec nous.

Tous, nous l’écoutions avec respect et pouvions ainsi proposer au public de merveilleux décors, dont nombre de spectateurs se souviennent encore. De la maquette du décor final aux réglages des éclairages et du son, il gérait le spectacle comme un régisseur professionnel. Aujourd’hui, bien que son absence nous pèse lourdement, nous savons qu’il restera à jamais dans nos cœurs. La troupe des Sassafras continuera de jouer, de répéter, de créer, mais chaque scène, chaque rire, chaque moment partagé nous rappellera à quel point Jean-Pierre était essentiel à tous ces rouages. Son sourire, sa rigueur, sa complicité avec chacun d’entre nous, et son amour du théâtre resteront dans nos mémoires.

Merci, Jean-Pierre, pour tout ce que tu nous as donné. Nous continuerons de faire vivre ton esprit et ta passion.

De la cour au jardin, jusqu’à la scène, nul doute que, de là où il se trouve maintenant, Jean Pierre nous regarde et peut-être nous assiste, lui qui visait la perfection et la fraternité au sein de la troupe. Qu’il repose en paix, que son âme trouve la sérénité qu’il mérite et que sa famille, particulièrement Claudine son épouse, soit assurée du soutien des Sassafras.

Avec toute notre affection et notre reconnaissance,

Tes amis de la troupe Les Sassafras